Selon le superviseur français des banques et des assurances, le niveau des fonds propres des assureurs vie tricolores est « adéquat et prudent ».

Les épargnants n’ont pas à s’inquiéter : les assureurs vie ne sont pas prêts de faire défaut. C’est ce que Bernard Delas, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), a sous-entendu dans son discours d’ouverture à la conférence organisée le 4 décembre 2019 à Paris par le « gendarme » des banques et des assurances en France. « Le niveau de capitalisation du secteur est à la fois adéquat et prudent. Les capitaux propres couvrent en moyenne près de deux fois le minimum exigé par la réglementation. Les marges de sécurité dont dispose le secteur sont ainsi largement suffisantes », a souligné le numéro deux de l’ACPR.

Ce n’est bien sûr pas un hasard si le régulateur français du secteur financier a ressenti le besoin de confirmer publiquement la solidité des assureurs vie. Les opérations de recapitalisation révélées ou annoncées de filiales d’assurance vie par leur maison mère bancaire ont jeté le trouble. Et la demande faite par l’Association des assureurs mutualistes (AAM) à Bercy d’assouplir les règles prudentielles n’a rien arrangé. De fait, les acteurs de l’assurance vie se retrouvent fragilisés par les taux bas.

Politique « accomodante » de la BCE

En vue de soutenir la croissance sur le Vieux continent, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de poursuivre ses achats massifs de dettes souveraines. Cette politique « accomodante » (ou « non conventionnelle ») vise à faire baisser les taux d’intérêt des emprunts d’État (plus une créance est demandée et plus sa rémunération est faible). Ce qui permet aux entreprises et aux ménages de bénéficier de conditions de crédit favorables. De quoi, espère la BCE, relancer les investissements et la consommation.

Si l’action de l’institut de Francfort constitue donc une bonne nouvelle pour les emprunteurs, elle pénalise les épargnants et notamment les souscripteurs de contrats d’assurance vie. Les fonds en euros sont, en effet, investis à au moins 80% dans des obligations. Le capital de ces supports étant garanti et les intérêts annuels définitivement acquis, l’assureur doit provisionner des sommes de plus en plus importantes pour faire face à ses engagements en cas de rachat total ou partiel par le souscripteur.

Compte tenu de ce contexte particulier, l’ACPR estime logique que les acteurs de l’assurance vie renforcent leurs capitaux propres. « Prendre les mêmes engagements d’assurance dans un univers de taux plus bas revient à accroître les risques garantis. Il est donc naturel que des assureurs aient besoin, s’ils souhaitent continuer de se développer au même rythme, d’accroître leurs fonds propres », explique Bernard Delas. Dit autrement, il n’y a aucune raison de s’affoler.

Source : https://acpr.banque-france.fr/sites/default/files/media/2019/12/05/20191204_discours_b_delas.pdf